samedi 12 janvier 2013

 Les Coëvrons, une grande communauté est née

Jean-Pierre Morteveille, président de la nouvelle communauté de communes des Coëvrons (en haut à gauche), est maire de Sainte-Suzanne (en bas). La grotte de Rochefort, l'une des nombreuses grottes près de Saulges (à droite).

Archives O.-F.

L'initiative

Pour être plus fort, unissons-nous ! La loi sur la réforme territoriale de 2010 oblige les communautés de communes de moins de 5 000 habitants à se regrouper entre elles. Et l'État menace : si elles ne parviennent pas à s'entendre, les préfectures auront tout pouvoir pour redessiner les territoires. Quelques rares communautés n'ont pas attendu une naissance aux forceps pour voir le jour.

Née le 31 décembre dernier, la communauté de communes des Coëvrons forme la première de ce type dans le grand Ouest (1). Elle regroupe quatre communautés de communes de l'est de la Mayenne (Bais, Évron, Evre et Charnie et Montsûrs) dont deux comptaient moins de 5 000 habitants. « Maintenant, nous formons la quatrième communauté de la Mayenne », insiste son président, Jean-Pierre Morteveille. Soit 27 400 habitants, 39 communes, 71 conseillers et un budget d'environ 14 millions d'euros.

La force de ce territoire ? Il a une réalité géographique. Son nom, les Coëvrons, vient d'une chaîne de collines qui le traverse. Il a une réalité historique (et touristique !), avec deux pôles : le château de Sainte-Suzanne pour le Moyen-Âge et les grottes de Saulges pour la Préhistoire. Et enfin une réalité agricole. C'est le pays de la viande de qualité dans un département laitier. Avec un label, le bœuf fermier du Maine.

Des collines, des bœufs, une vie politique calme

Ce genre d'histoire a toujours son visionnaire. Pour les Coëvrons, c'est Raoul Vadepied (1908 - 1995), maire d'Évron et sénateur centriste. C'est lui qui lance, dès 1966, le syndicat à vocation économique et touristique (SVET) dont la nouvelle communauté de communes reprend le tracé. « Les élus avaient l'habitude de travailler ensemble depuis longtemps. En fait, la loi de 2010 nous a rattrapés », explique Jean-Pierre Morteveille.

Un facteur a également facilité la création des Coëvrons : l'atmosphère pacifiée qui semble régner entre les élus de ce territoire. « Moi-même je n'ai pas d'ambition politique », admet son président. Cela ne signifie pas que la fusion s'est faite simplement. « Les petites communes vont perdre leur autonomie », s'inquiétait un maire en 2010. « Les impôts vont augmenter », dénonçait un autre. « On ne gère bien que ce que l'on gère de près », affirmait un troisième, effrayé par la dimension de cette communauté.

Quatre années ont été nécessaires pour donner naissance aux Coëvrons. « Il a fallu parler, écouter et expliquer... », rapporte l'élu. Et redire que « les impôts n'augmenteront pas ». Que cette fusion va créer, c'est le but, « des économies » et une « organisation plus rationnelle ». Sans étouffer les petites communes. « Nous avons fait très attention. Une élue a en charge la solidarité intercommunale. » D'ailleurs, les conseillers qui composent l'assemblée vont tourner démocratiquement dans toutes les salles que compte ce grand territoire.

Jean-François VALLÉE. Ouest-France (Pays de la Loire) 12/01/2013