Avec l'Allemagne, Sainte-Suzanne a ouvert la voie

Après Mayenne (1962), le canton de Sainte-Suzanne a consolidé, en 1967, de nouvelles relations fraternelles avec l'Allemagne. Jean-Pierre Morteveille raconte la naissance de cette amitié.

L'histoire

L'hospitalité allemande est inimitable. C'est Jean-Pierre Morteveille qui l'affirme : « Lors d'un séjour à Sulzheim, en Allemagne, j'étais hébergé dans une famille. Le soir, la femme me demanda de déposer mes chaussures sur le palier de la porte... Le lendemain matin, je les retrouvai cirées ! »

Depuis, 46 ans se sont écoulés, d'autres séjours ont eu lieu. Ceux-ci n'auraient pas été possibles sans la rencontre de deux hommes. L'actuel maire de Sainte-Suzanne raconte : « Entre 1940 et 1945, Victor Julien, 20 ans, est prisonnier de guerre dans une ferme allemande, à Sulzheim. Il y travaille comme ouvrier. Il n'est pas maltraité car les propres enfants de sa patronne ont été envoyés sur le front russe. En 1966, devenu conseiller général et maire de Thorigné-en-Charnie, il retourne là-bas et se lie d'amitié avec l'un des fils, Adam Becker. » L'Allemand et le Français entreprennent alors de lier les jeunesses des deux villages : « L'amitié individuelle devient peu à peu une amitié collective. »

Cette initiative fait suite à la signature du Traité de l'Élysée, le 22 janvier 1963. Le Général de Gaulle et le Chancelier Adenauer le destinent à sceller la réconciliation entre la France et la République Fédérale Allemande. C'est aussi l'époque pendant laquelle se tracent les contours de l'Europe initiés par Jean Monnet et Robert Schuman.

« Parties de foot mémorables »

Jean-Pierre Morteveille participe à l'histoire. En 1967, son père, alors maire de Sainte-Suzanne, lui demande de trouver « des jeunes dans le canton qui parlent allemand pour la venue du premier groupe germaniste. Je me souviens encore d'une sortie au Mont Saint-Michel, d'une autre à l'étang du Gué de Selle, des parties de foot mémorables. »

Un an plus tard, la situation s'inverse. Il découvre alors le village viticole de Sulzheim où il écoute son hôte lui raconter la guerre en Russie. 1968 est aussi marquée par la signature à Sulzheim de l'acte officiel de jumelage, « l'un des premiers en Mayenne ». Les échanges vont alors se multiplier, notamment grâce « aux deux piliers, Jean-Daniel Barrier de Sainte-Suzanne et Werner Mergel, conseiller municipal à Sulzheim ». L'actuel président du Comité d'échanges, Damien Barrier, va même y rencontrer sa future épouse.

Les échanges ne concernent pas que les jeunes, ils vont au delà : musique, sport, mais aussi politique. « En juin 2013, nous accueillerons à la Communauté de commune des Coëvrons 35 élus de Sulzheim et de sa Communauté de communes. En novembre, c'est l'harmonie de Sainte-Suzanne qui ira jouer. » Le comité d'échange Erve-et-Charnie - Sulzheim se veut « actif, vivant, solide ».

D'autres jumelages ont aussi vu le jour. Jean-Pierre Morteveille précise : « On compte aujourd'hui huit jumelages dans les Coëvrons, ce qui montre qu'il y a l'Europe des dirigeants mais aussi l'Europe des peuples. » Si la première apparaît fragilisée, la seconde est un beau roman d'amitié.

Journal Ouest-France du 22/01/2013

Edition : Mayenne - Rubriques : Départementale